L'idée d' « élever » un glacier, de tisser des liens avec lui, est donc beaucoup moins absurde qu'il n'y paraît. Le mot, pourtant, traduit un glissement qui n'est pas anodin : le glacier n'est plus cette immensité sublime et indomptable à laquelle nous pensons spontanément ; il tient désormais dans le creux d'une main.

D'espèce sauvage, il se mue en une créature domestique, qui tient lieu d'avertissement: si la planète continue de se réchauffer, il ne restera peut-être bientôt que cette forme émoussée de vie glaciaire, réduite au seul objectif de sa conservation.

Espérons ne pas en arriver à ce « point de bascule ».



Et si vous hébergiez un glacier ?
Extrait de l'entretien avec Olivier Remaud
Philosophie Magazine, avril 2021