adopte un glacier

ADOPTE UN GLACIER

Élever un glacier dans son salon,
un projet artistique en cours de Barthélemy Antoine-Lœff

ADOPTER UN GLACIER ?

Les glaciers disparaissent. Et avec leur disparition, c’est une partie de notre humanité, notre manière d’appartenir au monde, qui s’efface. Depuis 2021, l’artiste Barthélemy Antoine-Lœff propose d’héberger dans son salon son œuvre Tipping Point, un glacier sous perfusion, pour réaffirmer le lien qui nous unit à la cryosphère.

Adopte un glacier est un projet artistique créé pendant la pandémie, toujours en cours, soutenu par MAIF Social Club. Barthélemy propose à celles et ceux qui en font la demande d’élever dans leur salon un glacier artificiel dont l’âge se compte en gouttes d’eau.

Barthélemy déplace le glacier à vélo de maison en maison et d’école en école. L’ensemble du parcours forme une chaîne ininterrompue d’histoires qui touche à l’intime de chacun.

“Une petite fille m’a dit qu’elle vérifiait tous les jours si le glacier respirait toujours. Un autre a voulu négocier pour le garder plus longtemps. Certains tombent amoureux, quand d’autres y vont de leur analyse scientifique et de la potentialité de le relâcher, un jour, dans la nature. Le glacier est source d’inspiration artistique, d’exploration scientifique ou support d’imaginaire et de rêve…”

S’agit-il d’un des derniers glaciers dont on voudrait prolonger la vie pour l’éternité ? Ou est-ce un nouveau glacier en train de naître, cultivé in vitro ?

Vous résidez à Paris ou en région parisienne ?

Vous souhaitez accueillir le glacier chez vous et faire partie de la communauté grandissante des éleveurs et éleveuses du glacier ?

Il vous suffit d’envoyer un email.

Et oui, il n’y a rien à payer pour accueillir le glacier chez soi. C’est gratuit.

Tout ce que vous devez fournir, c’est un peu de votre temps pour vivre avec cette entité étrangement vivante, l’observer changer de forme et veiller dessus pour les éleveurs et éleveuses suivant.e.s.

ANASTASIA
âge du glacier: 15780 gouttes d’eau

J’ai la sensation qu’il pourrait rester là pour toujours, qu’il fait partie de mon quotidien. C’est très étrange.

Ça parle de plein de choses : du changement climatique, bien sûr, mais aussi de l’autre, du soin que tu portes à l’autre.

Ce n’est pas une œuvre d’art. Au début, je me sentais un peu détachée, comme si c’était un ovni, et au fur et à mesure, ça l’était de moins en moins.

Tu cohabites avec le glacier. Tu fais partie de son quotidien.

Tu es confronté à quelque chose qui vit, qui prend de l’espace.

SYLVAINE ET SIMON
âge du glacier: 2000 gouttes d’eau

Il s’est passé quelque chose de magnifique chez Sylvaine et Simon : un moment suspendu dans la vie du glacier.

“- Allô Bart, j’ai l’impression qu’il y a un souci avec le glacier… la perfusion ne semble plus fonctionner. J’ai peur que cela n’affaiblisse le glacier. On est inquiets. - J’arrive.”

Boule au ventre. Comme probablement pour Sylvaine et Simon. Ils ne veulent pas que le glacier meurt. Sa vie ne pouvait pas s’arrêter là, aussi vite.

Sur le chemin, je me suis demandé mille fois si j’allais être capable de relancer la perfusion (tu sais, cette petite voix qui te fait douter de toi). Après tout, il s’agissait d’une œuvre d’art, quelque chose destiné à être exposé dans une exposition, sans bouger. Peut-être qu’à force de trimballer le glacier à vélo, quelque chose s’était détraqué.

Obligé d’ouvrir. Pas le choix. Le vent ne circule plus. La pression a bougé. Réfléchir, vite. L’équilibre du dispositif est fragile, un petit écosystème dont la présence est artificiellement tolérée. Il faut l’écouter, le sentir, jouer subtilement sur les réglages pour que…

“Ah, ça y est… la perfusion fonctionne à nouveau.”

Le glacier reprend ses couleurs. Tout va bien.

“On voulait te dire que nous attendons un enfant. C’est un peu symbolique pour nous d’accueillir le glacier…”

La vie, partout. Le glacier se fraye un chemin vers l’éternité en soufflant symboliquement sur ses 2000 gouttes d’eau, et son eau est synonyme de vie nouvelle : c’est au creux des glaciers que naissent certaines rivières…

OLIVIER
âge du glacier: 1648 gouttes d’eau

Ça ouvre à la rêverie, à des mises en scène plus intimes.

La cloche rend le glacier solide, et en même temps, on sent que précisément il n’y a que cette cloche pour l’empêcher d’être tragiquement fragile.

ECOLE FAGON
âge du glacier: 6297 gouttes d’eau

Si on récolte assez de larmes, peut être qu’on pourra faire de nouveaux glaciers quand il n’y aura plus d’eau ?

CLAIRE
âge du glacier: 2621 gouttes d’eau

- Comment c’était, de vivre avec ce glacier ?

- Une vraie présence, c’est assez amusant. D’abord, ça rythmait mon travail. Quand j’entendais le déclenchement de la goutte d’eau, j’allais voir. Et puis, j’avais envie de regarder le changement de forme.

- Vous l’avez vu changer de forme ?

- Il s’est arrondi. Quand il est arrivé, il était beaucoup plus abrupt, et il s’est arrondi, à tel point que je me suis inquiétée. J’ai pris un repère par rapport aux livres derrière pour voir s’il diminuait de hauteur.

- Et alors, il a fondu ?

- Non. Il s’est étalé.

gouttes d’eau

48
maisons

528
km

L'idée d' « élever » un glacier, de tisser des liens avec lui, est donc beaucoup moins absurde qu'il n'y paraît. Le mot, pourtant, traduit un glissement qui n'est pas anodin : le glacier n'est plus cette immensité sublime et indomptable à laquelle nous pensons spontanément ; il tient désormais dans le creux d'une main.

D'espèce sauvage, il se mue en une créature domestique, qui tient lieu d'avertissement: si la planète continue de se réchauffer, il ne restera peut-être bientôt que cette forme émoussée de vie glaciaire, réduite au seul objectif de sa conservation.

Espérons ne pas en arriver à ce « point de bascule ».

Et si vous hébergiez un glacier ?
Extrait de l'entretien avec Olivier Remaud
Philosophie Magazine, avril 2021

DANS LA PRESSE

adopte un glacier, en partenariat avec MAIF Social Club, lieu culturel inspirant à Paris

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